Ce que j'ai appris en stage à L'Arche

Ce que m'a appris mon stage à L'Arche

#stagiaires , #témoignages

Abdou, étudiant à l'ESSEC, témoigne de ce que lui a apporté son stage dans un foyer de L'Arche.

Tu as choisi de faire ton stage « ouvrier » à L’Arche, quel bilan en retires-tu ?

L’expérience a comblé mes attentes et m’a beaucoup apporté sur le plan humain. Elle a changé ma vision du handicap, du rapport à l’autre et à soi et, quelque part, ma vision du monde.

Je pensais que j’allais être extrêmement ému par le handicap des personnes que j’allais rencontrer. Eh bien pas du tout : je n’ai retiré aucune tristesse de ces rencontres, bien au contraire. À L’Arche, il n’y a pas de jugement par rapport au handicap, on vit tous normalement. Ça fait qu’on ne perçoit plus le handicap comme une plaie mais comme quelque chose « en plus ». Le handicap devient alors simplement quelque chose qui différencie les personnes accueillies, qui renforce leur individualité. On cesse de les voir à travers le prisme du handicap, on les voit comme des humains.


« Cette expérience a changé ma vision du monde »

Je les caractérise maintenant d’abord par leurs qualités individuelles, leurs défauts, leurs traits de caractères. Car ils ne sont pas une masse de personnes identiques, mais des Hommes, différents et uniques - comme nous tous. 

 

Concrètement, quels points forts as-tu travaillé pendant ce stage ?

Je pensais aussi à tort qu’il y avait des « méthodes » de comportement à suivre face à certains types de handicaps. En fait, il n’y a pas d’autre méthode que d’être soi-même, d’être honnête, d’être bon, de voir le positif le plus possible. L’objectif de L’Arche est d’accompagner ces personnes en les voyant avant tout telles qu’elles sont : humaines. Mon stage à L’Arche m’a ainsi permis de m’ouvrir réellement à un nouveau type de monde, à un nouveau type de rencontres. Il m’a appris à moins juger, à oublier mes a priori et surtout à être prêt à apprendre des autres. 


« En fait, il n’y a pas d’autre méthode que d’être soi-même »

En grande école, surtout après 2 ans de classes prépa intensives où on nous a rabâchés que nous étions « l’élite », il est facile d’intégrer l’idée, plus ou moins consciemment, qu’on sait tout et « qu’on est les meilleurs ». À L’Arche, les personnes accompagnées n’ont que très peu d’intérêt pour nos études, pour notre CV ; non, elles nous jugent sur un autre CV infiniment plus précieux : comment nous nous comportons avec les autres. Elles nous enseignent la bienveillance, le pardon et la gratitude. Trop de choses dont on fait fi en grande école…  


« Après 2 ans de prépa où on nous a rabâchés que nous étions l’élite,
il est facile de penser qu’on est les meilleurs »

J’ai beaucoup repensé à cela lors de la visite d’anciens élèves de l’ESSEC en fin d’année dernière. Chacun avait fait une carrière brillante et avait gravi les échelons de l’entreprise où il travaillait. Ils ont insisté sur ces mêmes valeurs que j’ai découvertes à L’Arche : ouverture, volonté d’apprendre de tous (même si on est sommet de l’entreprise, il faut écouter l’avis de chaque personne) et surtout se comporter de manière vraie avec tous les membres de son équipe, sans toutefois être « cassant ». Encore une fois, les brillants managers qui nous ont parlé ont souligné que ces choses-là paraissent banales, mais que trop peu de gens, y compris au sein de l’entreprise, les « appliquent ». 


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Qu’est-ce que tu en retires pour ta vie future ?

Ce que je voyais autrefois comme un handicap tout court, je le vois aujourd'hui comme une richesse : c'est la différence des personnes accueillies qui a rendu l’expérience bien plus vivante et spéciale. Leurs comportements sont très différents des nôtres, et nous sommes – nous assistants – contaminés par eux quelque part. Quelque part, nous devenons plus « vrais ». 


« Lors de la visite d’anciens élèves de l’ESSEC, aux carrières brillantes, […]
tous ont insisté sur ces mêmes valeurs que j’ai découvertes à L’Arche »

Au contraire, dans ma « vraie » vie à l’ESSEC : nous jouons quelque part un rôle, les conventions sociales font que nous devons nous comporter d’une certaine manière, nous nous adaptons constamment… Et il arrive de se sentir perdus car nous avons trop modulé notre personnalité, car nous avons trop parfois trop essayé de nous faire passer pour des personnes que nous ne sommes pas. 

À L’Arche, nous sommes ce que nous sommes, point final. Et c’est là la vraie richesse de ce monde, si différent mais si enrichissant de par la liberté qu’il procure.

Abdou