De l’industrie mécanique à L’Arche

De l’industrie mécanique à L’Arche

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Après une importante carrière dans l’industrie, Eric Devautour, 56 ans, a rejoint L’Arche en 2009. Il est aujourd’hui directeur de la communauté La Merci (Charente). Portrait d’un reconverti heureux.

 

Un homme de désir, doté d’un physique sportif, c’est ainsi que l’on pourrait résumer en quelques traits Eric Devautour. A 56 ans, le directeur de L’Arche La Merci, en Charente, a le visage rayonnant et n’en finit pas de s’émerveiller du projet de L’Arche depuis qu’il l’a rejoint il y a six ans.

Ingénieur de formation, ce père de 6 enfants, dont deux trisomiques adoptés, a passé 23 ans dans l’industrie mécanique à des postes de haut niveau avant de choisir, avec sa femme Claire, une nouvelle vie. « J’aimais beaucoup mon travail dans l’industrie, mais j’avais envie d’un nouveau métier avec un engagement social et chrétien plus explicite », commente-t-il. Eric Devautour a donc pris contact avec L’Arche. « Chaque nouveau rendez-vous m’a convaincu un peu plus qu’il y avait là une chance à saisir, raconte-t-il. J’ai été très touché par l’accueil que j’ai reçu et je m’estime privilégié d’avoir pu ainsi unifier ma vie. » D’abord embauché comme coordinateur de la région sud-ouest, il est devenu responsable de La Merci en 2013, pour coller davantage à son désir initial de vivre avec les personnes. « Dans d’autres structures, on n’aurait sans doute pas compris que je veuille descendre d’un échelon. Une des beautés de L’Arche est qu’on ne raisonne pas comme ailleurs en termes de hiérarchie. On comprend que le salarié ait envie de vivre  la projet de L’Arche sur le terrain de la communauté. »

 

Une aventure collective

Ce goût pour la vie communautaire, Eric Devautour l’a attrapé dès son enfance dans le sport collectif, et il l’a mis en pratique dans sa manière d’exercer sa responsabilité. « Au lieu de se laisser donner des ordres par des procédures et des ratios, on peut être dans un désir de projets et de développement, vivre sa responsabilité dans l’industrie ou dans L’Arche comme une aventure collective », exprime-t-il. En voyant cet ancien directeur d’usine saluer chaque personne handicapée par son prénom, s’intéresser à elle, et, après le déjeuner, attraper une raquette pour participer au tennis de table tournant, on mesure à quel point cet esprit d’équipe l’anime et l’amuse. Avec la joie du partage. D’ailleurs, c’est cette aspiration à « vivre avec » qui les a menés, Claire et lui, étudiants, en vacances humanitaires en Inde avec le Père Ceyrac puis à se lier d’amitié avec ATD Quart Monde, et enfin à évoquer, jeunes fiancés, l’adoption d’enfants rejetés. « C’est sûr que notre famille était une sorte de petite Arche, reconnaît Eric.  Mais c’est la communauté Foi et Lumière où nous sommes entrés en 1997 qui nous a vraiment préparés à notre entrée dans L’Arche. »

 

Demi de mêlée

Ancien demi de mêlée ou demi d’ouverture au rugby, des postes de transmission, il aimerait aujourd’hui faciliter les ponts entre l’entreprise et le médico-social : « J’entends souvent un discours injuste vis-à-vis de l’entreprise. Par méconnaissance, on oppose le monde de la jungle à celui de l’entraide. Mais c’est parce que des entreprises acceptent la dureté de la compétition internationale et créent des richesses que l’Etat peut subventionner des établissements médico-sociaux. Je vois un vrai piège dans l’encouragement d’une société à deux vitesses et la création de petits cocons pour les plus fragiles. »

Par plaisir et pour actualiser le message de la foi, ce catholique prend des cours de théologie par internet avec la Catho de Lyon. De l’éducation jésuite et la démarche ignacienne dont il a été pétri dans le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), et sa scolarité du collège à la prépa, il garde le mot « servir », et une habitude, celle d’écouter son désir et de le croire possible : « Oser quelque chose de neuf quand on sent une forme d’appel. » Un appel qui l’a conduit à sortir de la spirale d’une carrière toujours plus brillante. « Ca a été libérateur et apaisant », assure-t-il en confiant : « Je me sens toujours un Zachée chez qui Jésus s’invite à déjeuner. »

 

Florence Châtel