"J'ai appris à accepter ma propre fragilité" - Marie

"Je n'ai plus envie de faire semblant ; je n'ai pas envie que l'on me voie comme une fille forte, que je ne suis pas." - Marie, volontaire

#volontaires

J'entendais qu’à L’Arche, il se vivait des choses assez extraordinaires ! J’y suis allée pour voir… Dès le premier jour, j'étais retournée.

Je suis époustouflée par la liberté des personnes avec un handicap mental. Leur spontanéité, le fait qu'elles n'aient aucun filtre, qu'elles disent les choses qui leur passent dans le cœur : je pense qu'on est hyper en vérité avec elles. J'aime la personne que je suis à leur contact. J'aime le fait qu'il n'y ait aucun jugement, aucun opprobre, aucun désir
de séduction. Parce qu’eux ne sont pas du tout là-dedans.

Dans la vraie vie on est toujours en train de se mettre en scène, d'étouffer ses vulnérabilités alors qu’ici pas du tout. Chacun arrive avec ses handicaps, ses casseroles cela me va très bien. Les personnes handicapées sont à mes yeux prophétiques de porter courageusement leur fragilité, leur vulnérabilité, sans en concevoir aucune honte.

J'ai appris à accepter ma propre fragilité comme un lieu où l'Autre peut me rejoindre et où je peux rejoindre l’Autre en retour. Un lieu qui fait quitter le superficiel. J'ai beaucoup baissé la garde. Je n'ai plus envie de faire semblant, je n'ai pas envie que l'on me voie comme une fille forte parce que je ne le suis pas.

Je me souviens de ma toute première réunion d'équipe. On s'est dit ce qui était fragile en nous et ce qu'il était bon que les autres respectent. L’une à parler de sa dépression, l’autre de sa famille, bref chacun a parlé en toute simplicité.
Nous étions tout de suite dans des relations vraies et authentiques. Nous nous sommes mis en souci les uns des autres. C’était déterminant pour notre vie d’équipe. C’est à partir de là que nous avons mis en commun nos forces aussi.

Je pense que beaucoup de personnes un peu perdues atterrissent à l'Arche. C'était mon cas. Je mesure à quel point cette année a été une année de consolation pour moi, une année de fortification, d'évolution.

Étonnamment ça agit comme détonateur, comme révélateur de vocation. Par exemple, Gus a nourri sa vocation d'être pompier ici, moi prof…alors que ça n'a rien à voir avec L’Arche. Ce désir s'est imposé à moi ici. Verena elle c’est la médecine. C’est étonnant, ici on peut se révéler à soi-même et révéler sa vocation !

Je me suis sentie aimée, je me suis sentie belle. J'ai aimé la personne que j'étais ici.


Marie, volontaire à L'Arche.